J’ai conçu et animé l’atelier Visibilité Google, au programme de la cinquième année du parcours Communication de Sciences-Po Toulouse. Nous avons défini un atelier cent pour cent pratique et grandeur nature. A travers cet article, je vous propose un retour d’expérience sur les actions SEO menées par les étudiants. Les résultats qu’ils ont obtenus mettent en effet à jour les évolutions de l’algo sur cette fin d’année 2011.

Objectifs pédagogiques

Google récolte aujourd’hui environ la moitié des investissement publicitaires en ligne dans le monde, et reste une source de trafic incontournable pour la majorité des sites web. Il s’agit donc de sensibiliser les futurs communicants aux spécificités de ce support.

Les réseaux sociaux sont bien sûr pris en compte de manière active dans les projets, à des niveaux divers.

L’atelier dure vingt heures (dix séances de deux heures) en présentiel, réparties d’octobre à décembre. A une ou deux exceptions près, les étudiants ne se destinent pas à une carrière centrée autour du web, même si certains animent déjà des sites en ligne. L’ambition est bien, dans ce laps de temps, de leur apporter de la connaissance sur :

  • la façon dont Google classe les sites ;
  • les leviers sur lesquels joue une agence SEO, qu’ils seront amenés à côtoyer ;
  • les conséquences SEO directes et indirectes de leur actions dans les réseaux sociaux ;
  • les conséquences SEO des autres actions de communication en ligne ;
  • la façon dont on pratique un métier, le référencement, dont les règles changent tous les trois mois !

Rien de tel que la pratique… Les étudiants ont donc créé leur blog, avec en vue une position Google à obtenir sur un mot-clé.

Déroulement de l’atelier

Le mot-clé imposé est « gag », le challenge est de positionner au mieux leur site sur cette requête. Nous travaillons grandeur nature, en concurrence avec de vrais projets en ligne, tout en proposant un contenu susceptible d’intéresser les internautes. L’aspect « humour » du contenu à produire facilite le travail personnel, hors séances à l’IEP, particulièrement chronophage. A noter qu’il ne s’agit pas là d’une requête commerciale, les positions et le trafic acquis ne perturbent pas des business en ligne. Enfin, malgré le nombre de résultats retourné par Google, la concurrence n’est pas exacerbée sur ce mot.

C’est un travail collectif : quatre groupes de sept à huit étudiants sont constitués. Ce nombre important se justifie encore par la quantité de travail à fournir pour obtenir des résultats.

Chaque groupe :

  • choisit l’angle sous lequel il va communiquer sur le sujet. La thématique « gag », c’est vaste, et il importe de serrer le projet, afin de pouvoir produire un contenu cohérent et intéressant ;
  • ouvre un blog au sein d’une plate-forme existante. L’alternative est que chaque groupe prenne un nom de domaine, un hébergement et installe un CMS. Rigoureusement, c’est bien ce qu’il aurait fallu faire : il faut être fou pour référencer un blog hébergé ailleurs que chez soi ! Mais l’objectif de l’atelier n’est pas de les former au webmastering. Par ailleurs, un NDD tout neuf met longtemps à se positionner, et l’atelier ne dure que deux mois et demi. Enfin, pour privilégier les aspects visibilité et communication, l’enseignement et les options techniques ont été réduites au minimum vital, à savoir l’optimisation du site selon ce qu’il est possible de faire… et ce que Google est a priori prêt à digérer ;
  • fixe ses autres objectifs, selon le thème précis retenu (visitorat, liens, engagements via le site et les réseaux sociaux) ;
  • définit son mode de production de contenu, poste et popularise ;
  • rend compte de son travail par le biais d’un dossier structuré « Projet de communication », donc de type Contexte / Cible / Objectifs / Stratégie / Plan d’action / Mise en œuvre / Résultats. Les dossiers complets sont téléchargeables ci-dessous.

Les quatre projets

Ne sachant pas trop ce que vont devenir les blogs une fois l’atelier achevé, j’en ai réalisé des copies d »écran à quelques jours de la fin, afin que vous puissiez voir à quoi ils ressemblaient. Vous pouvez aussi télécharger les dossiers complets, qui rendent notamment compte des actions – et astuces – des étudiants en matière de linking (les étudiants ont donné leur autorisation pour la publication de ces dossiers).

Logo du projet Googlematuer

Googlematuer

http://googlematuer.tumblr.com
Cliquer pour voir la copie d’écran du blog
Dossier PDF du projet (7,5 Mo)

Des gags, du Google, c’est forcément du Google suggest ! Googlematuer recense les suggestions amusantes de notre robot préféré. En deux mois, une 6e position sur le mot « gag » (!), plus de 1000 visites/jour et un linkbait de folie !
Logo du projet ChatGAGzine

Le ChatGAGzine

http://chatgagzine.wordpress.com
Cliquer pour voir la copie d’écran du blog
Dossier PDF du projet (12 Mo)

Les lolcats sont à la mode, profitons-en ! Du culot et du boulot, c’est la bonne recette pour amener le blog en 11e position sur « gag » et, tant qu’à faire, dominer les Serp sur un maximum de déclinaison de « gag chat », avec singulier, pluriel, synonymes et stop-words inclus !
Logo du projet Gus Gag

Gus Gag

http://gusgag.canalblog.com
Cliquer pour voir la copie d’écran du blog
Dossier PDF du projet (14 Mo)

La vie de Gus est un sketch, mais elle ranke plutôt bien ! Une 16e position au final, peu de temps après brièvement avoir pris la tête du concours. Un projet efficace sous ses airs modestes, et un gros pic de trafic en fin d’exercice. J’aurais bien voulu voir ce qu’aurait donné ce one-man-show sur la durée !
Logo du projet FaceGag

FaceGag

http://facegag.wordpress.com

Pourquoi aller chercher des communautés quand on en a une, la fac, sous la main ? Un groupe de drogués du travail, un blog modifié en profondeur en pleine action, une popularisation très agressive… trop ? Worpress.com désactive le blog à un mois de la fin de l’atelier. Après les grimaces, une excellente occasion de mettre en pratique la communication de crise en ligne !

Résultats SEO et interprétations

En deux mois seulement, et sur la requête gag, nous retrouvons Googlematuer en page 1 et 6e position (voir la copie d’écran), le ChatGAGzine en 11e position et Gus Gag en 16e place (positions constatées le 16/12 à 7 h 30). Je confesse que j’ai été surpris, j’avais fixé comme but, en début d’atelier, la 35e place pour le meilleur projet. Ce que j’en retiens et ce que j’en interprète :

Sous-domaines. Les sous-domaines bénéficient toujours d’une bonne partie de la confiance accordée par Google au domaine principal. Du coup, les blogs sont rapidement trustés et réagissent positivement à des suroptimisations type keyword stuffing et ancres des BL.

Duplicate content. Au début de l’exercice, les deux blogs ouverts dans wordpress.com se sont vus plombés par Google, tandis que les deux autres amorçaient leur progression. Les corrections apportées, au niveau du DC interne généré par les pages de tags et de catégorie, semblent avoir rapidement (en quelques jours) porté leurs fruits. Pourtant, les autres plates-formes en jeu (Tumblr et Canalblog) génèrent le même type de duplicate, sans que cela ait manifestement pesé négativement sur les blogs concernés. Je reste donc persuadé que ces pages sont contre-productives, mais je me demande si Google ne les ignore pas dans certains cas. Qu’en pensez-vous ?

Linking. Google valorise toujours les liens issus des sites de CP gratuits, y publier fonctionne vraiment très bien.

Contenu textuel. Dès le départ, la page qui s’est le mieux positionnée est Googlematuer : quasiment zéro contenu textuel, uniquement des copies d’écran ! Même si ce groupe a tenté par la suite de faire des efforts à ce niveau, je ne crois pas que ce facteur ait accéléré leur progression (je crois beaucoup plus à un effet du linkbaiting exceptionnel qu’ils ont obtenu, ainsi qu’au fait qu’ils se sont mis à poster plusieurs fois par jour). Le texte, c’est bien, mais parfois, on peut aussi s’en passer !

Fraîcheur du contenu. La mise à jour de l’algo concernant la fraîcheur du contenu est tombée en plein atelier. Je pense que les projets en ont fortement bénéficié, et je crois que c’est ce changement qui a permis aux blogs de se positionner si haut. Nous avons d’ailleurs pu corréler les variations de fréquence de publication des articles et les hausses et baisses de position des blogs.

Réseaux sociaux. Je retiens de l’atelier que les liens posés dans les réseaux sociaux ne valent rien sur le court terme. En revanche, ils ont probablement une utilité sur le long terme, le temps que Google traite l’information pour qualifier le trafic du site. Ils sont surtout essentiels pour faire connaître le projet aux leaders d’opinion susceptibles d’y faire écho au sein de leurs propres sites, avec alors des retombées directes en termes de trafic et de positionnement Google.

D’autres retours en vrac

Former des groupes importants (7 à 8 étudiants), leur proposer une thématique ludique et donner un bon bonus sur la note aux sites les mieux classés est un bon mix pour obtenir une excellente dynamique. Au final : une très forte quantité de travail de leur part et des projets de qualité.

La modération chez worpdress.com est paranoïaque et de mauvaise foi (ça, encore, c’est assez courant), mais en plus le modérateur est incompétent et mal élevé.

Travailler avec cette promotion a été un véritable plaisir ! J’ai côtoyé des étudiants motivés, curieux et talentueux, que nous recommandons les yeux fermés à tout employeur potentiel.


Laurent Peyrat, expert SEOL’auteur : Laurent Peyrat dirige La Mandrette, qu’il a fondé en 2016. Il pratique et enseigne le SEO depuis plus de vingt ans. Titulaire d’un M2 E-business, il donne aussi plusieurs conférences chaque année.