Pingouin, c’est le nom du dernier filtre mis en production par le moteur de recherche Google. Ce filtre entraîne des chutes (positions et trafic) de nombreux sites web dans les pages de résultats. Les communications récentes de Google ont mis le monde des référenceurs sur le qui-vive. Quel est ce nouveau filtre ? Sur quels critères agit-il ? Quelles suroptimisations sont visées ? Autant de questions qui agitent les forums de référencement, dans lesquels chacun y va de ses hypothèses.

Si vous souhaitez connaître, orage par orage, la progression de la tempête en cours, consultez l’article d’Aurélien Bardon : Google Pingouin et compagnie : que se passe-t-il vraiment ? Il y détaille le parallèle entre les annonces de Google et les chutes observées. Il y partage aussi quelques expériences personnelles.

Plus ça change et plus c’est la même chose

Premier constat : c’était prévisible. Uns stratégie SEO ambitieuse s’inscrit sur deux ans minimum. On sait par expérience que, dans ce laps de temps, un ou plusieurs tremblements de terre vont agiter les édifices constitués par nos modes d’acquisition de trafic, sans compter les petits glissements de terrain permanents.

Deuxième constat : ces bourrasques soufflent toujours dans le même sens : Google essaie de colmater les brèches dans lesquelles s’engouffrent, plus ou moins finement, les référenceurs et les SEO black hat.

Troisième constat : les conseils prodigués en ce moment dans la blogosphère SEO (variez vos ancres, variez vos sources de liens, n’optimisez pas trop vos pages, recherchez des liens d’autorité, etc.) ont beau être présentés comme quelque chose de neuf, ils sont publiés tels quels depuis 2005. Les fondamentaux sont connus, rien n’a changé ; les fils de forums qui ont suivi Florida (1) et ceux d’aujourd’hui sont interchangeables.

Le fond de mon propos est : il n’est pas important, hormis curiosité intellectuelle éminemment respectable, de se perdre en supputations, hypothèses et conjectures pour tenter de savoir avec quel(s) critère(s) précis s’amuse le pingouin. Ce sera de toutes façons :

  1. en lien avec un ou des facteur(s) de suroptimisation déjà connu ;
  2. en lien avec l’idée que se fait Google de la pertinence des résultats.

C’est le cas pour tous les filtres mis en place par Google, sauf Panda.(2)

La suroptimisation

Les référenceurs compétents savent parfaitement à quel moment leur intervention est susceptible d’entraîner un déclassement. Google communique sans arrêt là-dessus, et nous sommes à présent riches d’une dizaine d’années d’expériences partagées en la matière. Un projet sérieux, par exemple un e-commerce avec un plan de développement à trois ans, et donc un plan SEO de même durée, exclut d’office la moindre prise de risque en la matière. Encore une fois, un plan SEO sur plusieurs années inclut forcément le fait que Google serre les boulons de manière continue, et que nous ne savons pas à l’avance quand tel ou tel procédé sera réellement sanctionné. Toute forme de suroptimisation (mots-clés dans les pages et/ou dans les ancres des liens par exemple) est clairement à bannir. L’objectif, c’est la performance durable, donc qui reste sous le radar.

Pingouin ou pas Pingouin, si vous voulez durer, désoptimisez.

La pertinence des résultats

Ici encore, nous savons ce que cela signifie pour Google. Des pages qui n’intéressent pas les internautes ne rankent pas éternellement. Si l’algo ne les plombe pas, les quality raters s’en occupent. En fait, il n’est pas si difficile que ça de faire monter une page. Ce qui est ardu, c’est d’être certain que la page en question « mérite », selon Google, de rester au top, et de faire en sorte qu’elle évite les filtres à venir. Concrètement, une page qui reste au sommet donne satisfaction aux internautes qui la visitent :

  • ils la parcourent un certain temps ;
  • ils y reviennent ;
  • Ils y participent ;
  • ils succombent convenablement à l’offre qui leur est faite (transformation) ;
  • la page attire des liens depuis des sites d’autorité ;
  • son url est communiquée par mail et dans les réseaux sociaux ;
  • etc.

L’objectif n’est pas ici de lister tous les critères qui font qu’une page peut plaire ou non à Google. Il est de dire que si, dans les Serp, votre page a une qualité inférieure à celles qui l’entourent, elle sera tôt ou tard déclassée.

En résumé, une page plus intéressante que les pages concurrentes a très peu de chances de couler, surtout si elle est désoptimisée.

La qualité : indispensable, mais pas toujours suffisante

Hélas, tout cela ne fonctionne pas très bien. En réalité, sur vos requêtes fétiches se positionnent de joyeux spammeurs, inventifs et moqueurs, tout aussi impolis envers vous que blasphématoires envers le dieu Google. Ils sont même prêts, affront suprême, à vous renvoyer une partie de leur trafic moyennant rétribution. Certes ils prennent des risques, mais ils s’en fichent car ça paye. Et puis, quand ils sont enfin déclassés, d’autres irrévérencieux prennent leur place, à moins que ce ne soit les mêmes avec de nouvelles pages. Soyons clairs, Google a plusieurs trains de retard dans sa lutte contre le spam.

Le pingouin a bien noyé quelques manchots de seconde zone, mais d’autres sont apparus et, globalement, la qualité des Serp ne s’est pas améliorée.

Il est hors de question de lutter contre ceux qui prennent des risques avec leurs propres armes. Vous n’êtes pas suicidaire. Mais vous avez des atouts qu’ils n’ont pas. Votre projet est sérieux, il s’inscrit dans la performance et la durée. Lorsque vous le faites savoir, notamment à Google, vous pouvez donner à votre site un meilleur potentiel. Voici les chantiers sur lesquels travaillent les responsables des sites qui rankent facilement.

  • L’expérience utilisateur est sans cesse améliorée, pour des raisons de rentabilité.
  • Le site web reçoit du trafic hors Google, via la publicité, y compris Adword. Une page bien positionnée qui ne reçoit quasiment que du trafic organique a toutes les chances de ne pas être à sa place.
  • Deux types d’opérations, accessibles à tous, permettent d’acquérir des liens d’autorité : les relations presse en ligne (à l’intention des organes de presse) et le marketing d’influence (à l’intention des blogueurs).
  • Les réseaux sociaux sont investis.

Au final, Google reçoit les signaux lui indiquant que votre site est réellement populaire. Si votre site plaît, Google n’a aucune raison de le déclasser, même si ensuite vous avez besoin d’utiliser des techniques plus offensives pour positionner certaines pages. Vous évitez la plupart des filtres, rankez sans trop d’efforts et suivez avec un air narquois les conversations acharnées dans les forums de référencement.

Les liens que vous obtenez ainsi, le plus souvent méthodiquement désoptimisés ou stérilisés, ne vous font probablement pas gagner une seule position. En revanche, ils crédibilisent très fortement votre site web aux yeux de Google, et les actions de votre référenceur donnent alors d’excellents résultats.. Deux bénéfices :

  1. Les successeurs du pingouin ne vous effraient pas. Bien au contraire, vous les attendez avec impatience, vous délectant à l’avance de voir vos concurrents mordre la poussière.
  2. Google est indulgent avec votre site web, vous pouvez mettre en place avec bonheur des actions de linking plus agressives. Vous pouvez aussi ajouter quelques nouvelles occurrences de vos mots-clés dans vos pages.

Think global, act local

Ne perdez pas votre temps à tenter de comprendre le détail des filtres et de savoir si 25 % d’ancres optimisées font mieux ranker que 28 %, ou si le pingouin cible plutôt les manchots ou les canards. Une telle information n’est en réalité pas exploitable dans le cadre de la promotion de votre site web.

Suivre les évolutions de l’algorithme, c’est prendre du retard sur vos concurrents qui les anticipent. Prenez plutôt de la hauteur, visualisez la direction que prend Google et attendez-le au virage ! C’est dans un tel cadre que vous saurez orienter et doser vos actions SEO ainsi que celles que vous confiez à votre référenceur.

Notes
(1) En 2003, la Google dance Florida a généré de grands chamboulements les Serp, et accessoirement les mêmes critiques envers Google que Pingouin. Le phénomène s’est reproduit plusieurs fois depuis.
(2) Le filtre Panda, dans ses différentes versions, semble bel et bien contenir une composante visant à faire reculer les projets concurrents aux services de Google (exemple : les comparateurs de prix).

La Mandrette et le linking

Le sujet nous passionne, nous partageons beaucoup sur le sujet !


Laurent Peyrat, expert SEOL’auteur : Laurent Peyrat dirige La Mandrette, qu’il a fondé en 2016. Il pratique et enseigne le SEO depuis plus de vingt ans. Titulaire d’un M2 E-business, il donne aussi plusieurs conférences chaque année.